Ecran-Rêve - Vue de l'extérieur
Salle d'exposition de l'ISBA, Besançon - 2006
Ecran-Rêve - Vue de l'extérieur
Salle d'exposition de l'ISBA, Besançon - 2006
Ecran-Rêve - Vue de l'intérieur
Salle d'exposition de l'ISBA, Besançon - 2006
Ecran-Rêve - Vue de l'intérieur
Salle d'exposition de l'ISBA, Besançon - 2006
E C R A N - R Ê V E
Installation / 12 pans de papier japon de 1m70 x 70 cm, encre de chine et mine de plomb / 2006 / dimensions variables.
De même que toute chose définie provient originairement d’un fond commun de matière, informe et illimité, cette installation se veut un espace situé en-deçà de l’imaginaire.
Par le biais de l’informe et du mouvant, chaque spectateur peut puiser dans ce vivier,
ce fond, ou plutôt ce fonts (du latin fons , « source ») des images qui se construisent et qui se dé- fonts , retournant à leur source commune, pour laisser place à d’autres.
Cette danse du regard sera méditative, ou plutôt, contemplative, si l’on a en mémoire que contempler évoque l’espace carré délimité par l’augure dans le ciel et sur la terre
(le templum ) à l’intérieur duquel il recueil et interprète les présages.
Il s’y effectue ce que François Jullien appelle la conversion du regard : le passage de l’observation (l’oeil à l’affût d’informations qu’il utilisera pour analyser le monde qui l’entoure) à la contemplation (le regard s’immerge, se laisse « absorber » par le réseau d’oppositions-corrélations qui affleurent à la surface). Ainsi, « du « Sujet » s’y défait à l’unisson (…) comme initiative et comme monopole. Aussi, au lieu de n’avoir à durer
qu’un instant, ou du moins le temps qu’il faut à cette observation, un tel regard n’a-t-il plus, à vrai dire, de raison de cesser d’évoluer – d’une chose à l’autre, ou plutôt entre elles, porté par leurs polarités, s’oubliant dans leur profusion. » ( Vivre de paysage ou l’impensé de la raison, François Jullien, 2014).
Cette conversion du regard n’est pas métaphysique. Elle se suffit des phénomènes – les traces, la lumière, l’air – au lieu de s’en détourner, ou de s’en servir pour y trouver un sens caché. Elle plonge le regard dans une matière chaotique propice à ce que Gaston Bachelard appelle une « rêverie cosmique ».